PĂ©guyapprĂ©ciait la conception du prĂ©sent, oĂč rien nâest figĂ©, tout reste possible. Il tenta de convaincre lâĂglise catholique de ne pas mettre Ă lâindex Bergson. « Câest une
Ătoile du seul Nord dans votre bĂątiment. Ce qui partout ailleurs est de dispersion Nâest ici que lâeffet dâun beau rassemblement. Ce qui partout ailleurs est un dĂ©membrement Nâest ici que cortĂšge et que procession. Ce qui partout ailleurs demande un examen Nâest ici que lâeffet dâune pauvre jeunesse. Ce qui partout ailleurs demande un lendemain Nâest ici que lâeffet de soudaine faiblesse. Ce qui partout ailleurs demande un parchemin Nâest ici que lâeffet dâune pauvre tendresse. Ce qui partout ailleurs demande un tour de main Nâest ici que lâeffet dâune humble maladresse. Ce qui partout ailleurs est un dĂ©traquement Nâest ici que justesse et que dĂ©clinaison. Ce qui partout ailleurs est un baraquement Nâest ici quâune Ă©paisse et durable maison. Ce qui partout ailleurs est la guerre et la paix Nâest ici que dĂ©faite et que reddition. Ce qui partout ailleurs est de sĂ©dition Nâest ici quâun beau peuple et dĂšs Ă©pis Ă©pais. Ce qui partout ailleurs est une immense armĂ©e Avec ses trains de vivre et ses encombrements, Et ses trains de bagage et ses retardements, Nâest ici que dĂ©cence et bonne renommĂ©e. Ce qui partout ailleurs est un effondrement Nâest ici quâune lente et courbe inclinaison. Ce qui partout ailleurs est de comparaison Est ici sans pareil et sans redoublement. Ce qui partout ailleurs est un accablement Nâest ici que lâeffet de pauvre obĂ©issance. Ce qui partout ailleurs est un grand parlement Nâest ici que lâeffet de la seule audience. Ce qui partout ailleurs est un encadrement Nâest ici quâun candide et calme reposoir. Ce qui partout ailleurs est un ajournement Nâest ici que lâoubli du matin et du soir. Les matins sont partis vers les temps rĂ©volus, Et les soirs partiront vers le soir Ă©ternel, Et les jours entreront dans un jour solennel, Et les fils deviendront des hommes rĂ©solus. Les Ăąges rentreront dans un Ăąge absolu, Les fils retourneront vers le seuil paternel Et raviront de force et lâamour fraternel Et lâantique hĂ©ritage et le bien dĂ©volu. Voici le lieu du monde oĂč tout devient enfant, Et surtout ce vieil homme avec sa barbe grise, Et ses cheveux mĂȘlĂ©s au souffle de la brise, Et son regard modeste et jadis triomphant. Voici le lieu du monde oĂč tout devient novice, Et cette vieille tĂȘte et ses lanternements, Et ces deux bras raidis dans les gouvernements, Le seul coin de la terre oĂč tout devient complice, Et mĂȘme ce grand sot qui faisait le malin, Câest votre serviteur, ĂŽ premiĂšre servante, Et qui tournait en rond dans une orbe savante, Et qui portait de lâeau dans le bief du moulin. Ce qui partout ailleurs est un arrachement Nâest ici que la fleur de la jeune saison. Ce qui partout ailleurs est un retranchement Nâest ici quâun soleil au ras de lâhorizon. Ce qui partout ailleurs est un dur labourage Nâest ici que rĂ©colte et dessaisissement. Ce qui partout ailleurs est le dĂ©clin dâun Ăąge Nâest ici quâun candide et cher vieillissement. Ce qui partout ailleurs est une rĂ©sistance Nâest ici que de suite et dâaccompagnement ; Ce qui partout ailleurs est un prosternement Nâest ici quâune douce et longue obĂ©issance. Ce qui partout ailleurs est rĂšgle de contrainte Nâest ici que dĂ©clenche et quâabandonnement ; Ce qui partout ailleurs est une dure astreinte Nâest ici que faiblesse et que soulĂšvement. Ce qui partout ailleurs est rĂšgle de conduite Nâest ici que bonheur et que renforcement ; Ce qui partout ailleurs est Ă©pargne produite Nâest ici quâun honneur et quâun grave serment. Ce qui partout ailleurs est une courbature Nâest ici que la fleur de la jeune oraison ; Ce qui partout ailleurs est la lourde armature Nâest ici que la laine et la blanche toison. Ce qui partout ailleurs serait un tour de force Nâest ici que simplesse et que dĂ©lassement ; Ce qui partout ailleurs est la rugueuse Ă©corce Nâest ici que la sĂšve et les pleurs du sarment Ce qui partout ailleurs est une longue usure Nâest ici que renfort et que recroissement ; Ce qui partout ailleurs est bouleversement Nâest ici que le jour de la bonne aventure. Ce qui partout ailleurs se tient sur la rĂ©serve Nâest ici quâabondance et que dĂ©passement ; Ce qui partout ailleurs se gagne et se conserve Nâest ici que dĂ©pense et que dĂ©sistement. Ce qui partout ailleurs se tient sur la dĂ©fense Nâest ici que liesse et dĂ©mantĂšlement ; Et lâoubli de lâinjure et lâoubli de lâoffense Nâest ici que paresse et que bannissement. Ce qui partout ailleurs est une liaison Nâest ici quâun fidĂšle et noble attachement ; Ce qui partout ailleurs est un encerclement Nâest ici quâun passant dedans votre maison. Ce qui partout ailleurs est une obĂ©dience Nâest ici quâune gerbe au temps de fauchaison ; Ce qui partout ailleurs se fait par surveillance Nâest ici quâun beau foin au temps de fenaison. Ce qui partout ailleurs est une forcerie Nâest ici que la plante Ă mĂȘme le jardin ; Ce qui partout ailleurs est une gagerie Nâest ici que le seuil Ă mĂȘme le gradin. Ce qui partout ailleurs est une rĂ©torsion Nâest ici que dĂ©tente et que dĂ©sarmement ; Ce qui partout ailleurs est une contraction Nâest ici quâun muet et calme engagement. Ce qui partout ailleurs est un bien pĂ©rissable Nâest ici quâun tranquille et bref dĂ©gagement ; Ce qui partout ailleurs est un rengorgement Nâest ici quâune rose et des pas sur le sable. Ce qui partout ailleurs est un efforcement Nâest ici que la fleur de la jeune raison ; Ce qui partout ailleurs est un redressement Nâest ici que la pente et le pli du gazon. Ce qui partout ailleurs est une Ă©corcherie Nâest ici quâun modeste et beau dĂ©vĂȘtement ; Ce qui partout ailleurs est une affouillerie Nâest ici quâun durable et sĂ»r dĂ©pouillement. Ce qui partout ailleurs est un raidissement Nâest ici quâune souple et candide fontaine ; Ce qui partout ailleurs est une illustre peine Nâest ici quâun profond et pur jaillissement. Ce qui partout ailleurs se querelle et se prend Nâest ici quâun beau fleuve aux confins de sa source, Ă reine et câest ici que toute Ăąme se rend Comme un jeune guerrier retombĂ© dans sa course. Ce qui partout ailleurs est la route gravie, Ă reine qui rĂ©gnez dans votre illustre cour, Ătoile du matin, reine du dernier jour, Ce qui partout ailleurs est la table servie, Ce qui partout ailleurs est la route suivie Nâest ici quâun paisible et fort dĂ©tachement, Et dans un calme temple et loin dâun plat tourment Lâattente dâune mort plus vivante que vie. II. PriĂšre de demande Nous ne demandons pas que le grain sous la meule Soit jamais replacĂ© dans le cĆur de lâĂ©pi, Nous ne demandons pas que lâĂąme errante et seule Soit jamais reposĂ©e en un jardin fleuri. Nous ne demandons pas que la grappe Ă©crasĂ©e Soit jamais replacĂ©e au fronton de la treille, Et que le lourd frelon et que la jeune abeille Y reviennent jamais se gorger de rosĂ©e. Nous ne demandons pas que la rose vermeille Soit jamais replacĂ©e aux cerceaux du rosier, Et que le paneton et la lourde corbeille Retourne vers le fleuve et redevienne osier. Nous ne demandons pas que cette page Ă©crite Soit jamais effacĂ©e au livre de mĂ©moire, Et que le lourd soupçon et que la jeune histoire Vienne remĂ©morer cette peine prescrite. Nous ne demandons pas que la tige ployĂ©e Soit jamais redressĂ©e au livre de nature, Et que le lourd bourgeon et la jeune nervure Perce jamais lâĂ©corce et soit redĂ©ployĂ©e. Nous ne demandons pas que le rameau broyĂ© Reverdisse jamais au livre de la grĂące, Et que le lourd surgeon et que la jeune race Rejaillisse jamais de lâarbre foudroyĂ©. Nous ne demandons pas que la branche effeuillĂ©e Se tourne jamais plus vers un jeune printemps, Et que la lourde sĂšve et que le jeune temps Sauve une cime au moins dans la forĂȘt noyĂ©e. Nous ne demandons pas que le pli de la nappe Soit effacĂ© devant que revienne le maĂźtre, Et que votre servante et quâun malheureux ĂȘtre Soient libĂ©rĂ©s jamais de cette lourde chape. Nous ne demandons pas que cette auguste table Soit jamais resservie, Ă moins que pour un Dieu, Mais nous nâespĂ©rons pas que le grand connĂ©table Chauffe deux fois ses mains vers un si maigre feu. Nous ne demandons pas quâune Ăąme fourvoyĂ©e Soit jamais replacĂ©e au chemin du bonheur. Ă reine il nous suffit dâavoir gardĂ© lâhonneur Et nous ne voulons pas quâune aide apitoyĂ©e Nous remette jamais au chemin de plaisance, Et nous ne voulons pas quâune amour soudoyĂ©e Nous remette jamais au chemin dâallĂ©geance, Ă seul gouvernement dâune Ăąme guerroyĂ©e, RĂ©gente de la mer et de lâillustre port Nous ne demandons rien dans ces amendements Reine que de garder sous vos commandements Une fidĂ©litĂ© plus forte que la mort. III. PriĂšre de confidence Nous ne demandons pas que cette belle nappe Soit jamais repliĂ©e aux rayons de lâarmoire, Nous ne demandons pas quâun pli de la mĂ©moire Soit jamais effacĂ© de cette lourde chape. MaĂźtresse de la voie et du raccordement, Ă miroir de justice et de justesse dâĂąme, Vous seule vous savez, ĂŽ grande notre Dame, Ce que câest que la halte et le recueillement. MaĂźtresse de la race et du recroisement, Ă temple de sagesse et de jurisprudence, Vous seule connaissez, ĂŽ sĂ©vĂšre prudence, Ce que câest que le juge et le balancement. Quand il fallut sâasseoir Ă la croix des deux routes Et choisir le regret dâavecque le remords, Quand il fallut sâasseoir au coin des doubles sorts Et fixer le regard sur la clef des deux voĂ»tes, Vous seule vous savez, maĂźtresse du secret, Que lâun des deux chemins allait en contre-bas, Vous connaissez celui que choisirent nos pas, Comme on choisit un cĂšdre et le bois dâun coffret. Et non point par vertu car nous nâen avons guĂšre, Et non point par devoir car nous ne lâaimons pas, Mais comme un charpentier sâarme de son compas, Par besoin de nous mettre au centre de misĂšre, Et pour bien nous placer dans lâaxe de dĂ©tresse, Et par ce besoin sourd dâĂȘtre plus malheureux, Et dâaller au plus dur et de souffrir plus creux, Et de prendre le mal dans sa pleine justesse. Par ce vieux tour de main, par cette mĂȘme adresse, Qui ne servira plus Ă courir le bonheur, Puissions-nous, ĂŽ rĂ©gente, au moins tenir lâhonneur, Et lui garder lui seul notre pauvre tendresse. IV. PriĂšre de report Nous avons gouvernĂ© de si vastes royaumes, Ă rĂ©gente des rois et des gouvernements, Nous avons tant couchĂ© dans la paille et les chaumes, RĂ©gente des grands gueux et des soulĂšvements. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les grands majordomes, RĂ©gente du pouvoir et des renversements, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les chambardements, RĂ©gente des frontons, des palais et des dĂŽmes. Nous avons combattu de si ferventes guerres Par-devant le Seigneur et le Dieu des armĂ©es, Nous avons parcouru de si mouvantes terres, Nous nous sommes acquis si hautes renommĂ©es. Nous nâavons plus de goĂ»t pour le mĂ©tier des armes, Reine des grandes paix et des dĂ©sarmements, Nous nâavons plus de goĂ»t pour le mĂ©tier des larmes, Reine des sept douleurs et des sept sacrements. Nous avons gouvernĂ© de si vastes provinces, RĂ©gente des prĂ©fets et des procurateurs, Nous avons lanternĂ© sous tant dâaugustes princes, Reine des tableaux peints et des deux donateurs. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les dĂ©partements, Ni pour la prĂ©fecture et pour la capitale, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les embarquements, Nous ne respirons plus vers la terre natale, Nous avons encouru de si hautes fortunes, Ă clef du seul honneur qui ne pĂ©rira point, Nous avons dĂ©pouillĂ© de si basses rancunes, Reine du tĂ©moignage et du double tĂ©moin. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les forfanteries, MaĂźtresse de sagesse et de silence et dâombre, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les argenteries, Ă clef du seul trĂ©sor et dâun bonheur sans nombre. Nous en avons tant vu, dame de pauvretĂ©, Nous nâavons plus de goĂ»t pour de nouveaux regards, Nous en avons tant fait, temple de puretĂ©, Nous nâavons plus de goĂ»t pour de nouveaux hasards. Nous avons tant pĂ©chĂ©, refuge du pĂ©cheur, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les atermoiements, Nous avons tant cherchĂ©, miracle de candeur, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les enseignements. Nous avons tant appris dans les maisons dâĂ©cole, Nous ne savons plus rien que vos commandements. Nous avons tant failli par lâacte et la parole, Nous ne savons plus rien que nos amendements. Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde, Mais qui marchaient toujours et nâont jamais pliĂ©, Nous sommes cette Ăglise et ce faisceau liĂ©, Nous sommes cette race internelle et profonde. Nous ne demandons plus de ces biens pĂ©rissables, Nous ne demandons plus vos grĂąces de bonheur, Nous ne demandons plus que vos grĂąces dâhonneur, Nous ne bĂątirons plus nos maisons sur ces sables. Nous ne savons plus rien de ce quâon nous a lu, Nous ne savons plus rien de ce quâon nous a dit. Nous ne connaissons plus quâun Ă©ternel Ă©dit, Nous ne savons plus rien que votre ordre absolu. Nous en avons trop pris, nous sommes rĂ©solus. Nous ne voulons plus rien que par obĂ©issance, Et rester sous les coups dâune auguste puissance, Miroir des temps futurs et des temps rĂ©volus. Sâil est permis pourtant que celui qui nâa rien Puisse un jour disposer, et lĂ©guer quelque chose, Sâil nâest pas dĂ©fendu, mystĂ©rieuse rose, Que celui qui nâa pas reporte un jour son bien ; Sâil est permis au gueux de faire un testament, Et de lĂ©guer lâasile et la paille et le chaume, Sâil est permis au roi de lĂ©guer le royaume, Et si le grand dauphin prĂȘte un nouveau serment ; Sâil est admis pourtant que celui qui doit tout Se fasse ouvrir un compte et porter un crĂ©dit, Si le virement tourne et nâest pas interdit, Nous ne demandons rien, nous irons jusquâau bout. Si donc il est admis quâun humble dĂ©biteur Puisse Ă©lever la voix pour ce qui nâest pas dĂ», Sâil peut toucher un prix quand il nâa pas vendu, Et faire balancer par solde crĂ©diteur ; Nous qui nâavons connu que vos grĂąces de guerre Et vos grĂąces de deuil et vos grĂąces de peine, Et vos grĂąces de joie, et cette lourde plaine, Et le cheminement des grĂąces de misĂšre ; Et la procession des grĂąces de dĂ©tresse, Et les champs labourĂ©s et les sentiers battus, Et les cĆurs lacĂ©rĂ©s et les reins courbatus, Nous ne demandons rien, vigilante maĂźtresse. Nous qui nâavons connu que votre adversitĂ©, Mais quâelle soit bĂ©nie, ĂŽ temple de sagesse, Ă veuillez reporter, merveille de largesse, Vos grĂąces de bonheur et de prospĂ©ritĂ©. Veuillez les reposer sur quatre jeunes tĂȘtes, Vos grĂąces de douceur et de consentement, Et tresser pour ces fronts, reine du pur froment, Quelques Ă©pis cueillis dans la moisson des fĂȘtes. V. PriĂšre de dĂ©fĂ©rence Tant dâamis dĂ©tournĂ©s de ce cĆur solitaire Nâont point lassĂ© lâamour ni la fidĂ©litĂ© ; Tant de dĂ©robement et de mobilitĂ© Nâont point dĂ©couragĂ© ce cĆur involontaire. Tant de coups de fortune et de coups de misĂšre Nâont point sonnĂ© le jour de la fragilitĂ© ; Tant de malendurance et de brutalitĂ© Nâont point laĂŻcisĂ© ce cĆur sacramentaire. Tant de fausse crĂ©ance et tant de faux mystĂšre Nâont point lassĂ© la foi ni la docilitĂ© ; Tant de renoncements nâont point dĂ©bilitĂ© Le sang du rouge cĆur et le sang de lâartĂšre. Pourtant sâil faut ce jour dresser un inventaire Que la mort devait seule et conclure et sceller ; Sâil faut redĂ©couvrir ce quâil fallait celer ; Et sâil faut devenir son propre secrĂ©taire ; Sâil faut sâinstituer et son propre notaire Et son propre greffier et son double tĂ©moin, Et mettre le paraphe aprĂšs le dernier point, Et frapper sur le sceau le chiffre signataire ; Sâil faut fermer la clause et lier le contrat, Et dĂ©couper lâarticle avec le paragraphe, Et creuser dans la pierre et graver lâĂ©pigraphe, Sâil faut sâinstituer recteur et magistrat ; Sâil faut articuler ce nouveau rĂ©pertoire Sans nulle exception et sans atermoiement, Et sans transcription et sans transbordement, Et sans transgression et sans Ă©chappatoire ; Sâil faut sur ces dĂ©bris dresser un nouveau code, Et sur ces chĂątiments dresser un nouveau roi, Et planter lâappareil dâune derniĂšre loi, Sans nul Ă©vĂ©nement et sans nul Ă©pisode Nul ne passera plus le seuil de ce dĂ©sert Qui ne vous soit fĂ©al et ne vous soit fidĂšle, Et nul ne passera dans cette citadelle Qui nâait donnĂ© le mot quâon donne Ă mot couvert. Nul ne visitera ce temple de mĂ©moire, Ce temple de mĂ©moire et ce temple dâoubli, Et cette gratitude et ce destin rempli, Et ces regrets pliĂ©s aux rayons de lâarmoire. Nul ne visitera ce cĆur enseveli Qui ne se soit rangĂ© dessous votre conduite Et ne se soit perdu dans votre auguste suite Comme une voix se perd dans un chĆur accompli. Et nulle nâentrera dans cette solitude Qui ne vous soit sujette et ne vous soit servante Et ne vous soit seconde et ne vous soit suivante, Et nulle nâentrera dans cette servitude, Et nul ne franchira le seuil de ce palais, Et la porte centrale et le parvis de marbre, Et la vasque et la source et le pourpris et lâarbre, Qui ne soit votre esclave et lâun de vos valets. Et nul ne passera dans cette plĂ©nitude Qui ne soit votre fils et votre serviteur, Comme il est votre serf et votre dĂ©biteur, Et nul ne passera dans cette quiĂ©tude, Pour lâamour le plus pur et le plus salutaire Et le retranchement et le mĂȘme regret, Et nul ne passera le seuil de ce secret Pour lâamour le plus dur et le plus statutaire, Et lâamour le plus mĂ»r et le plus plein de peine, Et le plus plein de deuil et le plus plein de larmes, Et le plus plein de guerre et le plus plein dâalarmes, Et le plus plein de mort au seuil de cette plaine. Et pour le plus gonflĂ© du plus ancien sanglot, Et pour le plus vidĂ© de la vieille amertume, Et pour le plus lavĂ© de la plus basse Ă©cume, Et pour le plus gorgĂ© du plus antique flot. Et pour le plus pareil Ă cette lourde grappe, Et pour le plus astreint aux treilles de ce mur, Et pour le plus contraint comme pour le plus sĂ»r, Et pour le plus pareil Ă ce pli de la nappe. Et nul ne passera dans cette certitude, Pour lâamer souvenir et le regret plus doux, Et le morne avenir et lâĂ©ternel remous Des vagues de silence et de sollicitude. Et nul ne franchira le seuil de cette tombe, Pour un culte Ă©ternel encor que pĂ©rissable, Et le profond remous de ces vagues de sable OĂč le pied du silence Ă chaque pas retombe, Qui ne soit inclinĂ© vers vos sacrĂ©s genoux Et ne soit sous vos pieds comme un chemin de feuille, Et ne consente et laisse et ne prĂ©tende et veuille, De lâĂ©paisseur dâun monde ĂȘtre aimĂ© moins que vous. 1913
PĂ©guyapprĂ©ciait la conception du prĂ©sent, oĂč rien nâest figĂ©, tout reste possible. Il tenta de convaincre lâĂglise catholique de ne pas mettre Ă lâindex Bergson. « Câest une